
Le choix des câbles et conducteurs dans une installation électrique est une étape cruciale, souvent sous-estimée, mais qui conditionne à la fois la sécurité, la durabilité et la performance de l’ensemble du système. Une mauvaise sélection peut avoir des conséquences graves : échauffements, chutes de tension excessives, déclenchements intempestifs, voire incendies. Pour les professionnels du secteur – installateurs, électriciens ou bureaux d’études – il est donc indispensable de s’appuyer sur des critères objectifs, des données techniques précises et les exigences des normes en vigueur. En France, la référence incontournable reste la norme NF C 15-100, qui encadre les installations électriques basse tension.
1. Les critères techniques à considérer
La section du câble
La section du conducteur constitue l’un des premiers paramètres à prendre en compte. Elle dépend principalement de trois facteurs : l’intensité du courant à véhiculer, la longueur du circuit, et le mode de pose. Une section insuffisante entraînera une chute de tension supérieure à la limite autorisée (généralement 3 % pour l’éclairage, 5 % pour les autres usages selon la norme NF C 15-100), tandis qu’un surdimensionnement peut s’avérer coûteux et inutile.
Par exemple, un circuit d’alimentation de prises prévu pour 20 A sur une longueur de 30 mètres nécessitera a minima un conducteur de 2,5 mm² en cuivre. Toutefois, si la pose est encastrée dans un mur isolé ou dans un environnement chaud, il peut être nécessaire d’augmenter la section à 4 mm² pour garantir le bon fonctionnement sans échauffement.
Cuivre ou aluminium ?
Le cuivre est le matériau le plus couramment utilisé dans les installations basse tension en France. Il offre une excellente conductivité, une bonne tenue mécanique et une grande facilité de mise en œuvre. L’aluminium, quant à lui, est plus léger et moins onéreux, mais présente une conductivité inférieure d’environ 30 %. Il est donc réservé aux câbles de forte section, notamment pour les liaisons entre le disjoncteur de branchement et le tableau principal dans les bâtiments industriels ou tertiaires. Dans ce cas, des précautions supplémentaires sont nécessaires, notamment l’utilisation de connecteurs adaptés et la vérification du couple de serrage.
Type d’isolation et de gaine
Selon le contexte d’installation, les câbles doivent offrir une protection adaptée contre la chaleur, l’humidité, les agressions mécaniques ou les rayons UV. Parmi les câbles les plus utilisés :
- Le U1000 R02V est un câble rigide adapté aux poses fixes, en intérieur comme en extérieur, hors zones inondables. Il peut être encastré dans des gaines ou fixé en apparent.
- Le H07RN-F, câble souple à isolation en caoutchouc, est recommandé pour les installations temporaires ou mobiles, en particulier en extérieur ou sur les chantiers.
- Le H1Z2Z2-K, conforme à la norme EN 50618, est destiné aux installations photovoltaïques. Il résiste aux UV, aux hautes températures et aux contraintes mécaniques liées aux mouvements de structures.
Nombre de conducteurs
Le nombre de conducteurs dépend du régime de distribution utilisé. En monophasé, on opte généralement pour un câble 3G (phase, neutre, terre), alors qu’en triphasé, on choisira un câble 4G ou 5G, selon la présence ou non du neutre. La terre est obligatoire dans la majorité des cas, sauf exception (appareils de classe II par exemple).
2. Respecter les normes : la NF C 15-100 comme fil conducteur
En France, la norme NF C 15-100 est la base de toute installation électrique basse tension. Elle impose des règles strictes en matière de sécurité et de dimensionnement.
Parmi les exigences clés :
- La section minimale d’un conducteur de circuit d’éclairage est de 1,5 mm², protégée par un disjoncteur de 16 A maximum.
- Pour les prises de courant, la section minimale passe à 2,5 mm², avec une protection de 20 A pour un maximum de 12 socles par circuit.
- La norme exige également des règles de pose : les câbles doivent être protégés mécaniquement s’ils sont enterrés ou exposés à des contraintes, et respecter un rayon de courbure minimal lors de leur mise en œuvre.
Dans certains environnements spécifiques, comme les ERP (Établissements Recevant du Public) ou les établissements de soins, des prescriptions supplémentaires s’appliquent. Par exemple, l’utilisation de câbles résistants au feu (classés Cca ou Dca selon la norme européenne EN 50575) peut être exigée pour garantir l’évacuation en cas d’incendie.
3. Adapter le choix au contexte d’installation
Il est fondamental d’adapter les caractéristiques du câble à l’environnement réel d’utilisation. Le même câble ne conviendra pas pour un logement, un atelier industriel, ou une installation photovoltaïque.
Dans un environnement résidentiel, les câbles U1000 R02V suffisent généralement, à condition d’être posés correctement dans des gaines ou en apparent. En milieu industriel, il faudra privilégier des câbles plus robustes, capables de supporter les vibrations, les projections de produits chimiques ou les fortes températures. Quant aux installations en extérieur ou enterrées, elles imposent l’usage de câbles spécifiquement conçus pour résister à l’humidité, aux UV et aux agents chimiques du sol.
Enfin, dans les installations photovoltaïques, le respect de la norme EN 50618 est obligatoire depuis 2017. Les câbles H1Z2Z2-K doivent être utilisés pour garantir la pérennité des liaisons DC, soumises à des tensions élevées et à de fortes variations de température.
4. Bonnes pratiques et conseils terrain
Au-delà du respect des normes, certaines bonnes pratiques permettent d’assurer une installation fiable et évolutive. Il est conseillé d’anticiper les extensions futures en surdimensionnant légèrement les sections des conducteurs, notamment pour les circuits d’alimentation de tableau secondaire ou les circuits spécifiques comme les bornes de recharge.
Il convient également d’éviter les surdimensionnements excessifs, qui augmentent inutilement le coût de l’installation et compliquent la mise en œuvre. L’utilisation de logiciels de calcul de chute de tension peut s’avérer très utile pour optimiser le dimensionnement sans excès.
Lors de la pose, il est important de respecter les rayons de courbure minimums, de bien fixer les câbles à intervalles réguliers et de choisir des gaines ou conduits adaptés à l’environnement (gaines ICTA, tubes IRL, goulottes, etc.). Enfin, il ne faut jamais négliger les éléments périphériques comme les colliers, presse-étoupes ou embouts, qui contribuent à la qualité et à la durabilité de l’ensemble.
Conclusion
Choisir un câble électrique ne se résume pas à sélectionner une section ou une couleur. Cela implique une connaissance précise des contraintes électriques, mécaniques et environnementales, ainsi qu’une parfaite maîtrise des normes françaises, en particulier la NF C 15-100. En tant que professionnel, prendre le temps de bien choisir ses câbles, c’est garantir une installation pérenne, sécurisée, conforme et adaptée aux usages du client final.
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