L’électrification des véhicules ne concerne plus seulement les particuliers : elle s’impose désormais dans les entreprises, les collectivités et l’ensemble du secteur tertiaire. Que ce soit pour accueillir des salariés, des visiteurs ou alimenter une flotte professionnelle, la présence de bornes de recharge devient un critère de modernité et un levier concret de transition énergétique. Mais entre obligations réglementaires, choix techniques et contraintes d’installation, comment s’y retrouver ?

1. Pourquoi installer des bornes de recharge en milieu tertiaire ?
Installer des bornes de recharge dans un bâtiment tertiaire présente de nombreux avantages :
- Conformité réglementaire : la loi d’orientation des mobilités (LOM) impose des pré-équipements ou des bornes pour certains parkings neufs ou rénovés. Le décret tertiaire incite aussi à améliorer la performance énergétique globale des bâtiments.
- Service aux usagers : proposer la recharge sur site améliore le confort des salariés et attire les clients soucieux de leur empreinte carbone.
- Image RSE : c’est un geste fort pour affirmer son engagement dans la transition énergétique.
- Valorisation immobilière : un bâtiment équipé de bornes est plus attractif pour les entreprises et les investisseurs.
2. Comprendre les besoins : analyse préalable indispensable
Avant toute installation, il est crucial de bien cerner les usages attendus afin de concevoir une infrastructure adaptée. Cela commence par l’identification des utilisateurs concernés : salariés, clients, visiteurs, ou encore véhicules d’entreprise. Cette typologie influencera à la fois la fréquence de recharge et les besoins en puissance. Par exemple, un salarié stationne plusieurs heures sur le parking, là où un client ne reste que quelques dizaines de minutes. Il est donc indispensable de prendre en compte la durée moyenne de stationnement.
Il faut également estimer le nombre de véhicules susceptibles d’être rechargés en simultané, tout en intégrant une logique de montée en charge progressive : les besoins d’aujourd’hui ne seront pas nécessairement ceux de demain. Cette vision à moyen terme permet d’éviter des investissements successifs coûteux.
Autre facteur déterminant : la capacité électrique disponible sur site. Une vérification du tableau général basse tension (TGBT) est nécessaire pour évaluer ce que l’infrastructure actuelle peut supporter sans risque de surcharge. Ce travail préparatoire conditionne non seulement le choix des bornes mais aussi leur emplacement, leur mode de gestion et leur potentiel d’évolution.
3. Les types de bornes adaptées au tertiaire
On distingue deux grandes catégories de bornes selon le mode de recharge :
- Borne AC (courant alternatif) : de 7,4 à 22 kW. Ce sont les plus répandues. Idéales pour les parkings de bureaux, hôtels ou commerces.
- Borne DC (courant continu) : de 24 à 150 kW (voire plus). Pour les usages intensifs ou les besoins de recharge rapide (flottes commerciales, véhicules de passage).
4. Les critères de choix d’une borne
Le choix de la borne doit répondre à plusieurs critères techniques et fonctionnels :
- Puissance adaptée aux besoins réels et évolutivité possible
- Compatibilité avec tous types de véhicules (Type 2, CCS, CHAdeMO…)
- Normes de robustesse : indice de protection IP (eau/poussière) et IK (résistance aux chocs)
- Sécurité : protections électriques intégrées (disjoncteurs, différentiel)
- Pilotage énergétique : intégration au système de gestion du bâtiment (BMS), délestage automatique
- Gestion des accès : RFID, badges entreprise, applications mobiles
- Interopérabilité : protocole OCPP pour connecter la borne à n’importe quel logiciel de supervision
5. L’installation : un projet à ne pas sous-estimer
Installer une borne de recharge en milieu tertiaire ne s’improvise pas. Cela nécessite une approche rigoureuse, à commencer par une étude de faisabilité électrique : il s’agit d’évaluer la capacité du tableau général basse tension (TGBT), de prendre en compte la distance de câblage entre le tableau et les emplacements prévus pour les bornes, et de vérifier la qualité de la mise à la terre.
L’installation doit également être conforme aux normes en vigueur, notamment la norme NFC 15-100, tout en respectant les exigences d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite (PMR) et les critères de certification IRVE. Un autre point crucial est l’équilibrage de la puissance disponible afin d’éviter toute surcharge du réseau électrique. Cela peut passer par l’intégration d’un système de pilotage dynamique ou de délestage intelligent.
Enfin, certains projets peuvent nécessiter des travaux de génie civil, comme la création de tranchées, l’installation de bornes en voirie ou la mise en place de protections mécaniques. Il est impératif que l’installation soit confiée à un électricien certifié IRVE, seul habilité à garantir la conformité réglementaire et la sécurité de l’infrastructure.
6. Maintenance et supervision : un gage de pérennité
Une borne, c’est aussi un équipement connecté et soumis à usage intensif. Il faut donc prévoir :
- Contrat de maintenance : visites régulières, contrôle des organes de sécurité, remplacement préventif
- Supervision à distance : état de fonctionnement, taux d’occupation, alertes
- Mises à jour logicielles : corrections de bugs, cybersécurité, nouvelles fonctionnalités
Certaines plateformes permettent même d’intégrer les données de recharge dans un bilan énergétique global, ce qui est très utile dans le cadre du décret tertiaire.
Conclusion
Installer des bornes de recharge en milieu tertiaire est un investissement stratégique. Au-delà de l’aspect technique, il s’agit de penser usage, évolution et service. En posant les bonnes questions dès le départ et en s’entourant de professionnels compétents, il est possible de déployer une infrastructure fiable, évolutive et valorisante pour l’entreprise.